Menu
Libération
TRIBUNE

Décence envers les Palestiniens.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 octobre 2000 à 5h54

Je feuillette un hebdo dont les auteurs, visiblement, sont contents d'eux et j'y vois, images des troubles au Proche-Orient, quelques clichés, dont celui-ci: David et Goliath; Goliath, ce sont les soldats israéliens en ordre, casqués; David, c'est un Palestinien masqué qui jette une pierre avec sa fronde. J'imagine la réaction de juifs traditionnels: «Mais Tsahal, ce n'est pas Goliath! Et les lanceurs de pierres, ce n'est pas David; vous inversez perversement les noms, à quelles fins? etc.» Ma réaction est tout autre. Je me dis que c'est bien joli, quoique peu coûteux, de dire au Palestinien: «Vas-y, David, c'est toi, l'homme inspiré, qui gagne contre la force brute et grasse»; mais dans l'histoire, David, il gagne, et Goliath tombe. Or ici, dans la réalité, les lanceurs de pierres en question, ils ne gagnent pas, leurs attaques sont militairement nulles et n'égratignent pas leur adversaire; il n'est pas près de s'affaisser comme Goliath. Alors quoi? C'est un voeu pieux? ­ «Dieu fasse que vous soyez aussi victorieux que David?» C'est douteux, pour des laïques, de faire des voeux pieux, sur le dos des autres. Que peuvent donc viser ces lanceurs? Se faire tuer pour pourrir l'image d'Israël?

Justement, l'usage par les médias de la révolte palestinienne (si légitime dans son but: un Etat palestinien aux côtés d'Israël, donc deux Etats souverains côte à côte et non l'un remplaçant l'autre), l'usage donc qui en est fait est clairement martyrophage: consommer du martyr. On a dit que