Hélène Carrère d’Encausse, de l’Académie française, est une perpétuelle optimiste. Dans son dernier livre, l’historienne s’attache à démontrer que, malgré tous les soubresauts, la Russie marche inexorablement vers la démocratie et le modèle européen. Les crises qui ont marqué la transition et ce qui peut paraître comme des retours en arrière ne seraient ainsi que des «étapes sur le si long chemin, suivi depuis des siècles, vers une modernisation sans retour».
Hélène Carrère d'Encausse n'aime guère les termes de «spécificité russe» ou d'«âme russe», qui serviraient à expliquer le retard du pays et son incapacité à se réformer sur le fond. «La Russie est-elle réellement un pays singulier, condamné à demeurer tel, s'interroge-t-elle, ou bien, malmené par une histoire singulièrement heurtée, un pays dont les progrès accomplis suggèrent que son avenir reste ouvert?» L'historienne, reçue la semaine dernière au Kremlin par le président Vladimir Poutine, milite pour la seconde hypothèse.
A l'appui de sa thèse, toujours très didactique, elle raconte l'histoire de la Russie comme une succession de tentatives de se rapprocher de l'Europe et d'accidents malheureux, rejetant à son corps défendant le pays dans l'isolement. A trois reprises, la Russie a dramatiquement régressé: lors des deux siècles et demi d'occupation mongole (à partir de 1237-1238), lors des Temps de troubles, au XVIe siècle, quand de multiples prétendants se disputent le trône, et durant le communisme.
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