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Libération
TRIBUNE

La guerre d'Halloween

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par Pascal Lardellier
publié le 1er novembre 2000 à 6h02

Les Etats-Unis d'Amérique, non contents d'asseoir leur hégémonie planétaire sur une domination économique presque sans partage, étendent maintenant leur emprise et leur empire en exportant leurs fêtes. Mais celles-ci, vidées ici de leur substance, deviennent des produits de grande consommation. En France, l'engouement récent pour Halloween, promue ad nauseam par une orchestration publicitaire très pragmatique, est la parfaite illustration du triomphe d'un modèle civilisationnel qui gagne les modes de vie et les esprits. Exemple éloquent, surtout, d'un «gramscisme» d'autant plus efficace qu'il ne se nomme pas. Le mouvement initié en 1999 par José Bové a radicalisé la critique de l'irréversible américanisation de notre société, joignant les actes ­ répréhensibles ­ aux mots pour porter le fer dans le camp d'un libéralisme triomphant. Ce que les diatribes et les pétitions «anti-impérialistes» ou les «démontages de McDo» dénoncent tous, c'est la violence symbolique de cette américanisation planétaire, économique, politique, sociale et culturelle.

Mais que faire devant la «soumission librement consentie» du plus grand nombre face à la «civilisation fast-food», présentée comme voie louable de bien-être et de progrès, du reste promue et sponsorisée par de grands groupes économiques et médiatiques ? Car cette entreprise de «déculturation» à vaste échelle, menée tambour battant à des fins consuméristes mais aussi idéologiques, bénéficie de la complicité active de nombre de médias, aut