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Libération
TRIBUNE

Rwanda: refuser la tentation révisionniste

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par Claudine VIDAL
publié le 2 novembre 2000 à 6h04

L'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président de la République rwandaise, Juvénal Habyarimana, redevient, depuis plusieurs mois, un événement de presse. Toujours la même question: qui a commandité le tir du missile meurtrier? Aucune investigation n'a jusqu'alors apporté de réponse fondée sur un début de preuve. Pourtant, les possesseurs de «convictions intimes», et ils sont nombreux, n'ont pas cessé d'en faire état comme de quasi-certitudes. Pour ma part, je n'ai pas la moindre conviction intime sur l'identité des commanditaires de l'attentat. Mais je suis surprise des effets produits par de récentes «révélations». S'il était avéré que le FPR (Front patriotique rwandais) et le général Kagamé étaient effectivement responsables du crash, faudrait-il pour autant en conclure, comme l'a fait le procureur du Tribunal pénal international, Carla Del Ponte, que «toute l'histoire du génocide devrait être réécrite».

Rappelons les termes du débat. Deux camps s'opposent. Selon les uns, ce serait un groupe hutu extrémiste qui aurait perpétré l'assassinat du Président. En effet, ce dernier paraissait résigné à appliquer les accords de paix, dont la conséquence était un partage du pouvoir avec le Front patriotique rwandais, parti des réfugiés tutsis. Option inacceptable pour les extrémistes hutus, d'où l'attentat en vue de bloquer le processus de paix et de passer au massacre des Tutsis de l'intérieur. Selon l'autre camp, c'est le FPR qui aurait abattu le Falcon présidentiel. Ses di