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Libération

Gauche: le risque de la banalisation

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publié le 3 novembre 2000 à 6h06

Pendant plus de trois ans, la gauche plurielle a fonctionné correctement. Alors que la droite ne cessait de se déchirer, que les rivalités d'hommes y faisaient des ravages, que l'autorité de Jacques Chirac y était contestée, la majorité parvenait à conserver une façade d'unité. De temps à autre, notamment lors des votes budgétaires, le PC haussait le ton, histoire d'entretenir son image sociale. Les Verts, chez qui la discipline est regardée comme un péché mortel et la solidarité comme une incongruité, résistaient rarement à la tentation de l'incartade. Au sein du PS, la «Gauche socialiste» se démarquait sporadiquement, Henri Emmanuelli pestait contre l'orthodoxie et les idées reçues: la routine. Au total, un équilibre pragmatique entre diversité et unité avait été préservé. C'était l'un des atouts de la gauche. Elle le perd aujourd'hui.

Le «sommet» de mardi prochain, laborieusement préparé par les partis de gauche, annonce en effet beaucoup moins le retour à l'unité que la rechute de la zizanie. Ce n'est pas un drame à grand spectacle qui se profile, mais une corrosion qui progresse. Le calendrier politique joue maintenant contre l'union. Les remaniements gouvernementaux ont altéré l'homogénéité de l'équipe savamment composée au départ par Lionel Jospin. De l'avis des intéressés, le climat n'y a plus la franchise et la gaieté des commencements. Ministres, partis et groupes parlementaires, tous ressentent un déficit de concertations. La gauche plurielle avait découvert un mod