La victoire de Vojislav Kostunica à Belgrade comme celle des amis d'Ibrahim Rugova à Pristina consacre l'arrivée au pouvoir dans l'ensemble des Balkans de nationalistes modérés. Après une décennie guerrière propice, dans chaque camp, aux porteurs d'un nationalisme ethnique radical, la chute de Milosevic confirme indéniablement un tournant déjà amorcé chez les voisins de la Serbie. En Croatie, depuis la disparition à la fin de l'année dernière du président Tudjman, une coalition des adversaires de l'ancien régime a porté au pouvoir Stipe Mesic. Au Monténégro, l'alternance remonte à la défaite , il y a trois ans, de Momir Bulatovic, le protégé de Milosevic, au profit de Milo Djukanovic, ancien chef de la police devenu le représentant d'une alternative démocratique au régime de Belgrade. En Bosnie, les élections municipales d'avril dernier ont esquissé le début d'un reflux de l'emprise du SDA, le parti nationaliste d'Alia Izetbegovic, au profit du parti social-démocrate (en Grèce, Papandreou fils avait montré la voie en se démarquant des mobilisations nationalistes de Papandreou père). Les dernières élections de Belgrade et de Pristina ne font que parachever le processus. La victoire de Kostunica n'est pas seulement la défaite de Milosevic (qui fait son score habituel), mais surtout celle de l'ultranationaliste Vojislav Seselj et du parti de Vuk Draskovic. Le succès de Rugova tient, là aussi, moins à ses qualités intrinsèques de leader (dont la stratégie non violente avait écho
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Le pari gaullien de Kostunica
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par Jacques Rupnik
publié le 3 novembre 2000 à 6h07
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