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Libération

Aimons-nous les juges?

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publié le 4 novembre 2000 à 6h12

Un procès exemplaire peut-il montrer le bon exemple? La diffusion depuis lundi sur Histoire, par tranches de deux heures, de 70 heures du procès de Klaus Barbie repose la question. Il ne s'agit évidemment pas d'atténuer la responsabilité de l'ancien tortionnaire nazi dans les crimes contre l'humanité pour lesquels il fut condamné. Mais de s'intéresser à l'usage qu'on croit bon de faire de ce procès, qui, avec ses témoignages bouleversants, serait une arme dans la lutte contre les tyrannies. Jusqu'à présent, la mise en scène de la justice était plutôt l'outil des dictatures que des démocraties. Les procès les plus célèbres de l'Histoire sont ceux de Jésus ou de Jeanne d'Arc, ou encore ceux de Moscou. Longtemps, on s'est spontanément davantage solidarisé avec les condamnés qu'avec leurs juges. Pas question ici d'éprouver la moindre sympathie pour Barbie, mais de s'interroger sur le caractère emblématique de ces audiences.

Le plus célèbre procès télévisé des années 90 fut celui du joueur de football américain O.J. Simpson. Il y avait là plus le coup médiatique d'une chaîne qu'une volonté d'exemplarité de la part de la justice. Une personnalité archicélèbre était accusée d'avoir tué sa femme, on allait voir ce qu'on allait voir. Exemplaire, le procès ne le devint que malgré lui, et par son verdict. Alors que les journées d'audiences avaient laissé penser à tous les observateurs que le sportif était coupable, il fut acquitté. Partout fut dénoncée la fortune d'O.J. Simpson qui, en