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Libération
Critique

Quand presse et justice pactisent

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publié le 6 novembre 2000 à 6h12

D'après un sondage paru début octobre dans le Point, 64 % des Français portent un jugement plutôt positif sur le travail de la presse communément appelée «d'investigation», plus particulièrement chargée d'assurer le suivi judiciaire des affaires politico-financières, et de les révéler. A ce titre, l'ouvrage de Jean-Marie Charon (sociologue) et de Claude Furet (journaliste) devrait trouver preneur. Car, derrière les manchettes des journaux, et, plus tard, les flashes radio ou télé, que connaît le grand public de la fabrication de ces informations? Peu de choses. Et la confidentialité entourant ces informations n'encourage pas les acteurs ­ une centaine est ici sondée ­ de ce système à s'épancher sur leurs méthodes de travail. Sur le fond, les auteurs permettent d'entrer dans le vif du sujet en posant d'emblée que le secret de l'instruction est au mieux «désuet», au pire «mort». Loin de l'hypocrisie qui imprègne nombre de colloques traitant du secret de l'instruction, des policiers, magistrats ou avocats détaillent les stratégies qui les motivent à informer la presse, et expliquent l'influence du travail des journalistes sur leur activité.

Ce constat établi, la question centrale de l'enquête a trait à l'influence de la médiatisation sur le déroulement des affaires. L'analyse recueillie auprès de nombreux juges bouscule l'idée reçue selon laquelle la presse ne serait qu'un élément perturbateur pour la progression des enquêtes judiciaires. «Globalement, la médiatisation est vécue