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Libération
TRIBUNE

La Serbie en toute démocratie

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par Ivan COLOVIC
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

En chassant Milosevic, MM. Kostunica, Djindjic et consorts ont accompli un bel exploit. Cependant, ils se sont abstenus ­ et s'abstiennent encore ­ de toute emphase et gesticulation. Il semble qu'ils ne souhaitent pas se donner pour de «grands hommes» ni traiter leur peuple tel un «grand peuple». La cérémonie d'investiture du nouveau chef de l'Etat a été brève, sans pompe ni fanfare. Nulle volée de cloches, nulle salve d'honneur. Sa prestation de serment ressembla davantage à la célébration d'un mariage civil qu'aux épousailles de la nation avec son chef. Le nouveau Président n'a baisé ni le sol, ni les icônes, ni le drapeau. Il n'a tenu aucun discours officiel parlant de héros, de victoire et de gloire. Il a préféré, afin de s'adresser pour la première fois à son peuple en qualité de chef de l'Etat, la forme d'une interview télévisée interactive; son «message au peuple» s'est glissé dans les réponses qu'il a apportées aux questions du présentateur et des téléspectateurs. Parmi ceux-ci, une femme a tenu à féliciter le nouveau Président, tout en rappelant que «le précédent n'était pas aussi mauvais qu'on veut bien le dire».

Jamais auparavant un président serbe n'avait conversé ainsi avec ses citoyens. C'est une des raisons qui nous poussent à croire que la Serbie s'est enfin engagée sur la voie de la démocratie ou que, pour le moins, telle est la direction que veulent lui faire prendre ses nouveaux dirigeants. «Pourvu que ça dure!» avons-nous envie de nous écrier, à l'instar d