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Libération
TRIBUNE

Atout risque

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publié le 9 novembre 2000 à 6h19

Pourquoi nos sociétés accordent-elles une telle importance à des compétitions comme celles du Vendée Globe, pourquoi ce goût de mettre sa vie en danger sous le regard de millions de spectateurs ou parfois, simplement pour soi, dans la pratique d'une activité qui passionne. Le risque est inhérent à la condition de l'homme, il est la rançon heureuse de la liberté. L'existence est fragile, toujours sous la menace de la maladie, de l'accident, ou des événements de la vie quotidienne. L'homme est voué à une part d'incertitude: chaque jour qui s'avance porte l'indécision d'un contenu qui se dévoile au fil du temps avec son lot inégal de faits attendus et de surprises. Les chemins sont en apparence tout tracés, mais l'imprévisible l'emporte parfois sur le probable. La condition de l'homme n'est jamais donnée une fois pour toute, elle impose un débat permanent avec les choses, avec les autres, avec les circonstances. Ainsi tout choix, professionnel ou amoureux, par exemple, est un pari sur l'avenir, il engage sur une voie propice ou périlleuse. Mais c'est justement parce que rien n'est jamais assuré, que le goût de vivre accompagne la relation de l'homme au monde. La ferveur de vivre est la conséquence heureuse de la fragilité de la condition humaine.

La sécurité étouffe la mise en jeu créative de soi, la découverte d'une existence toujours en partie dérobée et qui ne prend conscience de soi que dans l'échange parfois inattendu avec le monde. La projection tranquille dans la longue d