Le fameux «principe de précaution» ne va pas sans risques. Accommodé à toutes les sauces, il est porteur d'une sorte de «démocratie spongiforme». Nul n'ignore que les animaux atteints d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ont le cerveau troué au point de ressembler à une éponge. Nerveuse et agressive, la «vache folle» manifeste une hyperexcitabilité et maîtrise de moins en moins ses mouvements. Imprégné à l'excès des humeurs et peurs de l'opinion, notre système démocratique ne souffre-t-il pas d'un fâcheux dérèglement des comportements?
En lui-même, le principe de précaution est à la fois novateur et pertinent. Il nous vient d'Allemagne, où, dès 1976, le vorsorgeprinzip pose qu'une politique environnementale ne saurait seulement écarter les risques imminents et réparer les dommages. L'exigence de prudence préventive dans l'usage des ressources naturelles est affirmée. Ce principe fait son apparition sur la scène internationale, en 1987, lors de la deuxième conférence sur la protection de la mer du Nord. «L'absence de preuve scientifique du lien causal entre les émissions et les effets» ne doit pas empêcher la réduction des pollutions. Intimement lié à l'environnementalisme, le principe de précaution est invoqué dans diverses conférences internationales, dont celle de Rio (1992). La nécessité de lutter contre l'effet de serre malgré l'incertitude qui entoure ses effets à long terme sur la planète est une excellente illustration du bon usage du principe de précaution.
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