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Libération
TRIBUNE

Ces technologies infantilisantes

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par Alain Foix
publié le 14 novembre 2000 à 6h33

Musique techno et raves, nouvelles technologies et effets spéciaux, Internet et start-up, argent facile et jeunesse en mouvement; la société bruit d'une vague d'optimisme candide devant son miroir technologique. Liberté morale, liberté sexuelle et libéralisme sauvage dansent la Carmagnole sur les décombres du monde ancien. Des jeunes d'il y a trente ans envient cette jeunesse raveuse, carnavalant en masses compactes dans les rues des capitales comme autant de Woodstock en stock. Leur mutisme actif sous le son assourdissant semble concrétiser de vieux slogans nés de la révolte et de la rue: «Prenez vos rêves pour des réalités», «Jouissez sans entraves». C'est fait, la machine y pourvoit. Il suffit de se taire. Un silence d'or règne sans partage sur les écrans d'ordinateur. Dans la rue et les hangars, les mégawatts clouent les lèvres des danseurs. Plus de mots d'ordre intempestifs, plus de slogans, des actes et de la danse. Tout, tout de suite. Mais tout quoi?

«Voici donc, disait Malraux, pour la première fois, une civilisation que ses rêves frôlent ou possèdent, et qui n'ordonne pas ses rêves. On a beaucoup dit que la machine excluait les rêves, ce que chaque expérience contredit. Car la civilisation des machines est aussi celle des machines de rêves, et jamais l'homme ne fut à ce point assiégé par ses songes, admirables ou défigurés... Les rêves [...] peuvent appartenir à une enfance qui est le pôle secret de la vie, ou à une enfance qui en reste le balbutiement. Pour la prem