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Libération
TRIBUNE

La même justice pour tous

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publié le 22 novembre 2000 à 6h56

La grève des barreaux écrasés par l'aide juridictionnelle est compréhensible. Pour faire court, si l'on divise le budget public consacré à l'aide, soit environ 1 milliard, par le nombre de justiciables démunis qu'elle concerne, soit 705 000, cela représente moins de 1 500 F par dossier, soit le prix d'une heure de travail facturée en moyenne dans l'Union Européenne par les avocats de dix ans d'expérience dans les affaires économiques «normales».

Comment peut-on faire travailler des avocats sans rémunération véritable dans les affaires civiles, puisque payés en dessous du prix de revient, tandis que dans leurs activités pénales, l'indemnisation n'atteint même pas parfois 10 % de leurs charges? Si la profession qui s'occupe des entreprises et des riches suit une courbe ascendante en fonction des progrès du marché, de la plus grande demande de services juridiques et de tout un mouvement international, les avocats de proximité et des pauvres souffrent chaque année davantage et développent un prolétariat professionnel. Certains avocats choisissent parfois la militance, par exemple en droit des étrangers, dans des mouvements associatifs en matière de logement et d'environnement. Mais ce choix de vie, pour héroïque qu'il soit, ne peut constituer la base d'un service public de la défense normal dans une démocratie.

Cette situation pathologique est extraordinaire. Elle est l'un des symptômes du sous-développement juridique français qui se manifeste par un recrutement des juges purement