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Libération

La mort sans burger

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publié le 22 novembre 2000 à 6h56

Bush, Gore, Gore, Bush... Le passionnant feuilleton continue, qui continue de nous passionner, cependant qu'il laisse un homme au moins ­ un Américain, qui plus est, et Texan de surcroît ­ absolument indifférent. Cet homme s'appelle John Paul Penry et aurait dû être exécuté jeudi dernier par injection. Ce jour-là, la Cour suprême des Etats-Unis ordonna le sursis à son exécution, après que ses avocats eurent fait valoir que le gouverneur du Texas, un certain George W. Bush, avait autre chose à faire que d'examiner, ne serait-ce que de manière très formelle, l'hypothèse de sa grâce. On sait Bush pas trop regardant sur ces choses, qui ont à voir avec la conscience ou l'humanité, mais ne pèsent pas lourd, au regard du bénéfice électoral qu'il en tire: avec Penry, 38e supplicié programmé cette année, le Texas devait battre son record d'exécutions, établi en 1997. Partant, tous les méandres juridiques qui ponctuent le processus de désignation du président «élu», l'allongeant d'autant, devraient d'autant réjouir Penry. Mais Penry s'en fout. Non pas parce qu'aucun des deux candidats ne s'est prononcé contre la barbarie de la peine de mort. Penry, simplement, n'entend rien à ces choses car il est arriéré mental. Il a 44 ans, les experts lui prêtent le Q.I. d'un enfant de six ans, et, dans le couloir de la mort, il continue de colorier des livres d'images en rêvassant au Père Noël. Et ceci non plus ne pose de problème à George W.; au Texas, depuis 1984, cinq handicapés mentaux ont été