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Libération
TRIBUNE

Liberté de paroles, liberté sur le Net

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par Robert MENARD
publié le 23 novembre 2000 à 6h56

La condamnation de Yahoo Inc. par la justice française ­ le portail américain a trois mois pour «rendre impossible» aux internautes français l'accès à certaines pages de son site où sont vendus aux enchères des objets nazis ­ pose la question des conséquences de la mondialisation de l'information sur la liberté d'expression et va ainsi au-delà du débat actuel concernant la responsabilité des prestataires techniques de l'Internet sur le contenu des sites qu'ils hébergent.

Est-il acceptable que chaque Etat puisse imposer à ses propres internautes les limites inscrites dans sa loi ­ fût-elle liberticide ­ ou, au contraire, faut-il profiter de la nature ouverte et universelle de la Toile pour empêcher ces Etats de faire obstacle à la circulation de l'information? Est-il même souhaitable de confier aux fournisseurs d'accès la possibilité de surveiller le contenu des sites qu'ils accueillent, de décider de ce qui sera consultable ou pas, de collecter des informations sur leurs clients afin de les identifier, même au nom d'une éthique professionnelle?

Il ne s'agit pas de se faire l'avocat quelque peu naïf de grands groupes qui, à l'image de Yahoo, profiteraient de l'attachement des internautes à la liberté d'expression pour conquérir de nouvelles parts de marché. On a pu voir avec quel zèle la société de Jerry Yang s'est coulée dans le cadre draconien imposé par les autorités chinoises, par exemple, pour ne se faire guère d'illusions sur leur attachement à la lutte contre la censure.