Ainsi vont, des deux sursitaires Pinochet et Milosevic, les destins parallèles. Car sursitaires, ces deux-là le sont, jumeaux d'une justice qui nous fait languir. Pino et Milo sont dans un bateau dont on ignore quand il touchera au port, mais de même que Carthage, selon le vieux Caton, devait être détruit, ces deux-là devront être jugés. Pourtant, tout doucement, insensiblement, ce devront se transforme en devraient. De clinique privée en résidence privée, sans qu'on sache plus trop bien quelle procédure le retient en celle-ci plutôt qu'en celle-là, Pinochet gagne du temps à tout prix. Vendredi, pour son 85e anniversaire, il s'appuyait sur la canne que lui tendait l'épiscopat chilien en faisant benoîtement savoir son adhésion très catholique à certaine «liturgie du pardon», censée absoudre «certains fils de l'Eglise [qui] ont abusé du pouvoir et n'ont pas respecté le droit à la vie». Gonflé, le vieux! A peine moins que Milosevic qui, samedi à Belgrade, en faisait quelques tonnes à la tribune du congrès du Parti socialiste de Serbie, à la tête duquel il a été réélu. Florilège: l'élection de Kostunica à la présidence du pays, c'est un «coup d'Etat», et le Tribunal pénal international de La Haye, une «nouvelle Gestapo».
On entendit ça, ce week-end, en stéréo. Deux voix à la fois très proches et très lointaines, et qui se faisaient écho dans une rhétorique insolemment croisée, découvrant, face aux échéances à venir, deux lignes de défense. Deux discours qu'on aurait volontiers te