Guerre des chefs ou bataille d'infanterie? La petite polémique si française sur le calendrier électoral de 2002 ne se résume pas à cette simple alternative. L'arbre du calendrier cache la forêt des arrière-pensées? Soit. Alors, essayons d'aller plus loin.
Faisant partie de la petite cohorte qui a voté contre le quinquennat, je vois aujourd'hui se dérouler, avec une force implacable, le scénario que j'avais redouté: la soumission de l'ensemble de la vie politique française à l'élection d'un seul homme. Cette évolution était en germe dans l'adoption du quinquennat. Nous étions peu nombreux à prédire qu'à la sainte Catherine cet arbre prendrait racine. Car nous voici maintenant devant l'impressionnante logique de ceux qui, comparant à tort notre régime aux systèmes parlementaires qui nous entourent, considèrent qu'il faut donner un homme à une majorité et non pas l'inverse.
Faut-il rappeler ici que les régimes parlementaires européens obéissent à une règle simple: c'est la majorité parlementaire qui fait le Premier ministre? Faut-il rappeler que le système qui consiste à faire en sorte que ce soit l'exécutif qui fabrique sa majorité constitue en France la dernière étape dans l'abaissement constant du Parlement?
Qui ne voit pas que, depuis cinquante ans, avec une patience assez remarquable, on a écrasé en France tous les corps intermédiaires, et notamment les trois principaux: le Parlement, la collectivité locale, le parti?
La réforme qui nous est proposée, et contre laquelle je