Ce qui serait presque émouvant, chez Alain Madelin, c'est qu'il ne semble jamais si vieux que lorsqu'il se déguise en jeune. Si la proposition vaut certes pour tout un chacun, pour Madelin, elle vaut plus. Ainsi, quand cet homme fait, cet homme mûr, cet homme élu et dirigeant d'une formation politique, cet homme si ostensiblement fringant, renonce un beau matin au port de la cravate pour une raison qui, à notre grande honte, nous a totalement échappé , il importe d'abord et surtout qu'il mette en scène ce renoncement. Ainsi se figure-t-il qu'il existe. Allez, j'enlève le haut! L'initiative, admirable, donna matière à quelques entrefilets, mais le chat reste maigre; car, si le libéralisme de Madelin est, comme il dit, révolutionnaire, sa révolution ne se nourrit guère, hormis de subventions publiques, que d'indigents symboles. Ainsi de sa candidature à la présidence de la République, annoncée la semaine dernière sous un chapiteau de cirque. Piètre exhibition, qui mit surtout en valeur une exceptionnelle langue de bois, dans le désir de «donner vie à une nouvelle politique, tracer une nouvelle route, ouvrir de nouveaux espaces»; prose d'autant plus détonnante qu'elle s'exhibait dans un vacarme de foire, entre des cracheurs de feu et des figurantes lascives, des tours de jongleurs et des sauts de saltimbanques, des lâchers de ballons et de confettis aussi multicolores que le discours était terne. (C'était comme dans une parodie de convention américaine, mais ce n'était pas u
Madelin, le clown triste
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par Pierre Marcelle
publié le 29 novembre 2000 à 7h13
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