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Libération

«C'est mon choix» ou la mauvaise cible

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publié le 2 décembre 2000 à 7h27

C'est mon choix sur France 3, l'émission la plus racoleuse, la plus méprisante et la plus méprisable de la télévision française? Etrange émission qui parvient à s'immiscer dans les débats de l'Assemblée nationale et à faire la une d'un quotidien (1).

Ce n'est pas la première fois qu'une émission provoque scandales et indignation. Les séries américaines ont longtemps été accusées d'importer des valeurs peu morales, les jeux télévisés, d'aliénation, ou les talk-shows des années 90, de Pradel à Dumas, d'un subtil dosage entre voyeurisme et exhibitionnisme.

C'est mon choix ouvre néanmoins un nouveau débat. Son caractère dérangeant est le refus, la négation même de la parole d'expert. Pas de modérateur, de faux sociologue ou de pathétiques psychologues, comme dans la plupart des talk-shows de la télévision. Refus même du journalisme ou de la présentation. Evelyne Thomas étant réduite à une donneuse de parole, à une interface entre les invités, le public et le téléspectateur. La place du public est particulièrement intéressante. On lui donne ainsi la parole avant l'émission (sorte de micro-trottoir en réaction au thème du jour) et pendant l'émission, soit par des exclamations, des applaudissements ou des huées.

Dans un ethnoroman, Marc Augé (2) explique comment il est réducteur de voir dans les téléspectateurs de séries du type Dallas des amateurs intellectuellement peu exigeants. Il montre ainsi combien ces séries sont pourvoyeuses de mythes à intérêts universels.

Sans polémiquer sur