Lorsque la réflexion devient incertaine face aux bouleversements du monde, il faut revenir aux fondamentaux. Un remarquable Dictionnaire de stratégie nous y invite et sa fréquentation régulière devrait éviter de dire ou d'entendre bien des bêtises. Un exemple: on se souvient des débats sans fins sur l'issue des guerres du Golfe et du Kosovo. Pouvait-on parler de victoire alors que Saddam Hussein est toujours au pouvoir ou que l'armée serbe a conservé l'essentiel de ses chars? L'article «Victoire», rédigé par François Géré (directeur scientifique de la Fondation pour la recherche stratégique) fournit des clés permettant de penser plus loin.
Qu'est-ce qu'une «victoire» en stratégie? «La pensée militaire occidentale moderne fait de la victoire par l'écrasement des forces de l'adversaire l'acmé de la guerre», écrit l'auteur, qui ajoute aussitôt que «la sacralisation de la victoire absolue a été vivement contestée par tout un courant de la pensée stratégique, du maréchal de Saxe à l'école anglaise (Liddell Hart, Fuller, Lawrence).» Saxe? La contribution de l'historien Jean-Pierre Bois nous éclaire. Au service du roi de France, Maurice de Saxe (1696-1750) pensait que «l'offensive ne justifie pas la bataille». Selon lui, «harcèlement, embuscades et surprises ont pour objet de contraindre l'adversaire à se retirer». Est-on si loin des opérations aériennes contre l'armée yougoslave?
En se plongeant dans la pensée des stratèges arabes, chinois ou grecs, les auteurs de ce dictionnaire co