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Libération
TRIBUNE

La stratégie mitterrandienne de Jospin

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publié le 4 décembre 2000 à 7h28

La coïncidence n'est pas innocente. Au congrès de Grenoble du PS, Lionel Jospin a ouvertement affiché sa candidature présidentielle. Et il s'est explicitement posé en héritier du mitterrandisme. Deux dimensions de sa trajectoire politique qui viennent de loin. Jospin songeait déjà à l'horizon élyséen, en 1985, lorsqu'il déclara la guerre à Laurent Fabius. L'ancien premier secrétaire du PS a aussi longuement mûri les enseignements de cet artiste de la politique que fut l'ancien chef de l'Etat. Cette patiente accumulation d'ambition et d'expérience produit aujourd'hui une stratégie qui doit peu au hasard même si elle se saisit des circonstances. Pour la comprendre, il n'est peut-être pas inutile de faire un détour par l'histoire du mouvement socialiste. Quelques mois avant de devenir le chef du gouvernement de Front populaire, Léon Blum distingue, dans un article du Populaire de juillet 1935, trois types de rapports au pouvoir. Sa conquête est d'essence révolutionnaire. Son exercice permet aux socialistes de faire avancer leurs idées dans le cadre de la «démocratie bourgeoise». Sa simple occupation a pour avantage d'éviter que d'autres forces ne l'exercent.

A cette aune, et nonobstant le fait que le PS est désormais à des années-lumière de toute problématique révolutionnaire, Jospin situe son action dans le cadre d'une honnête occupation du pouvoir. Il est symptomatique que le principal message émanant du congrès socialiste relève précisément des jeux de pouvoir. Jospin a saisi