Deux thèses s'opposent s'agissant des Etats-Unis: soit il s'agit d'un pays où les fragilités financières sont telles qu'on ne peut attendre qu'un effondrement de l'économie et des marchés financiers; soit son avance dans les nouvelles technologies, le renouvellement du capital, les gains de productivité, est telle que tous les autres pays seront définitivement distancés. Certitude de crise ou avance irréversible? Le problème est que les deux types de mécanismes sont présents.
Les fragilités financières sont connues. Les ménages, particulièrement ceux de la classe moyenne, ont un taux d'endettement très élevé (une année de revenu) en raison des facilités d'obtention de crédit. Beaucoup d'entreprises ont considérablement accru leur dette, les grandes pour racheter leurs actions et enrichir leurs actionnaires, les entreprises en début de vie pour financer leurs investissements bien avant que les profits apparaissent. Le déficit extérieur des Etats-Unis va atteindre 400 milliards de dollars en 2000, et la dette extérieure nette dépasser 2000 milliards, soit 15 % de la richesse financière de la planète, hors Etats-Unis. Enfin, les marchés boursiers ont été massivement surévalués jusqu'au printemps 2000, mais la correction réalisée (plus de 35 % pour le Nasdaq) est déjà considérable.
Si on quitte la finance, le tableau change. Le taux d'investissement productif est 50 % plus élevé qu'en Europe; l'investissement des entreprises en nouvelles technologies est deux fois plus élevé, quat