Le Conseil européen de Nice adoptera, selon toute vraisemblance, un nouveau traité sur les institutions européennes. Malheureusement, on peut déjà annoncer que ce traité n'atteindra pas son objectif: préparer l'Europe au plus grand élargissement de son histoire.
Ce constat s'impose au vu de la négociation. D'abord, l'essentiel des efforts a été consacré aux appétits de pouvoir des uns et des autres, bien plus qu'à la réalisation d'un projet commun ou même à la préparation de l'élargissement. Ensuite, les querelles de préséance (représentation des Etats membres à la Commission, répartition de leurs voix au Conseil des ministres) ont absorbé l'attention beaucoup plus que l'extension du vote à la majorité qualifiée, pourtant la réforme centrale pour éviter la paralysie bureaucratique de l'Europe. Enfin, les projets compliqués de coopération renforcée (noyau dur ou flexibilité) masquent mal l'absence de projet précis des Etats qui se proclament ambitieux (le noyau dur est en fait devenu un noyau mou). Ce mécanisme demeure extrêmement compliqué et aléatoire sur le plan juridique tout spécialement dans les questions économiques et sociales.
Dans pareil contexte, l'élargissement aux pays d'Europe de l'Est, nécessaire du point de vue géopolitique, constituera une menace du point de vue institutionnel. Les institutions de Monnet, de Schuman et de Spaak n'ont pas été conçues pour fonctionner à 15 Etats membres, et encore beaucoup moins à 25 ou à 30. L'arrivée d'autant de nouveaux memb