Misérable Justice! Avec 27 milliards de francs ­ moins du cinquième du déficit du Crédit Lyonnais ­, elle est censée rémunérer les magistrats, les greffiers, les autres fonctionnaires de justice, les personnels pénitentiaires et ceux de l'éducation surveillée, tout en construisant et en entretenant tribunaux, prisons et établissements pour mineurs. Il y a aujourd'hui, alors que les contentieux ont décuplé, à peine plus de magistrats qu'en... 1914! La France est, là aussi, la lanterne rouge de la plupart des pays industrialisés: seul 1,6 % du budget national est affecté à ce qui est pourtant une des principales attributions régaliennes de l'Etat. Sait-on que le budget de la justice par habitant est deux fois plus élevé en Allemagne et au Royaume-Uni qu'en France?

Déjà asphyxiés, les tribunaux vont, dès le début de l'an prochain, devoir mettre en place l'institution du juge de la liberté, absorber le nouveau contentieux de la détention, organiser l'appel des arrêts des cours d'assises, prévoir une permanence vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin de gérer les nouvelles règles de la garde à vue et, bientôt, assurer le fonctionnement des nouvelles chambres commerciales. A titre d'exemple, le substitut de permanence à Paris recevra désormais entre trente et cinquante coups de téléphone chaque nuit, le tenant informé du début de chaque nouvelle garde à vue. Rien n'a évidemment été prévu pour le remplacer le lendemain à son poste de travail.

Les calculs les plus optimistes font ét