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Libération
TRIBUNE

Les colonies, terres de torture

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par Lahouari ADDI
publié le 7 décembre 2000 à 7h37

Un débat s'est engagé sur la torture durant la guerre d'Algérie, dans lequel l'absence des Algériens a été remarquée. Il faut dire que ces derniers n'ont pas été étonnés par les déclarations révélant les cas de torture: ils savaient qu'elle était pratiquée à grande échelle, la connaissant par l'expérience de parents et de voisins qui l'ont subie. Ce débat franco-français est à l'honneur de la France assumant son passé et reconnaissant qu'il n'a pas toujours été à la hauteur de l'image qu'elle cherche à donner dans le discours universel des droits de l'homme proclamés en 1789. Mais le plus étonnant, c'est qu'en France le débat n'en finit pas, alors qu'en Algérie les autorités officielles gardent un mutisme déconcertant. Car, ici, cela s'est passé il y a plus de quarante ans. Là-bas, on y est encore.

Il est frappant que l'on se focalise en France sur la torture, condamnée presque unanimement, et que l'on passe sous silence le système colonial qui est à son origine, faisant même dire et écrire à certains qu'elle a été un mal nécessaire et qu'elle était le pendant au terrorisme du FLN. Sans vouloir justifier le terrorisme du FLN ni de quelque organisation que ce soit, la question est de savoir si l'opinion publique française considère la colonisation comme une oeuvre civilisatrice glorieuse ou une domination injuste qui a terni le passé de la France. Car c'est de cela qu'il s'agit. Pendant des décennies, les Algériens ont lutté contre la domination coloniale par des formes légale