Les dividendes sont-ils en voie de disparition? Telle est en tout cas la thèse défendue par un nombre croissant d'économistes. Selon certains, il s'agirait d'une des transformations les plus radicales apportées par la nouvelle économie. Traditionnellement, dans le capitalisme d'hier, il suffisait pour se maintenir aux sommets de la fortune de posséder un important portefeuille en actions et d'attendre tranquillement que les entreprises en question versent chaque année des dividendes confortables à leurs actionnaires. Rien de tel dans le nouveau capitalisme: dorénavant, seuls les entrepreneurs créatifs, les managers efficaces, ou encore les actionnaires suffisamment alertes et dynamiques pour repérer avant les autres les start-up prometteuses et empocher à temps des plus-values méritées, pourraient espérer s'enrichir. Aux vieux capitalistes sclérosés touchant leurs dividendes auraient succédé de nouvelles élites plus dynamiques et reposant sur de nouvelles formes de rémunération.
D'autres économistes, plus pragmatiques, ont cru voir dans la disparition des dividendes le signe que les grandes sociétés étaient enfin devenues fiscalement rationnelles. Il existe en effet deux façons de rémunérer un actionnaire: sous forme de dividendes, et sous forme de plus-values (grâce à la hausse des cours). Or les dividendes sont généralement taxés beaucoup plus lourdement que les plus-values. Dans ces conditions, pourquoi les entreprises, plutôt que de verser des dividendes, n'utiliseraient-