Menu
Libération

Savoir-faire de la fin

Article réservé aux abonnés
publié le 11 décembre 2000 à 7h48

Savoir faire une fin. Redire ici comme dans une vie, dans n'importe quelle vie, cette question-là importe. Je pense aujourd'hui à Daniel Zimmermann, écrivain, fraternel et paradoxal «camarade stalinien», et à la dignité ahurissante avec laquelle il géra son crabe après et avec son oeuvre , sa guerre d'Algérie, ses amours et celui de la Révolution. Mais que vient faire ici le crabe qui, la semaine dernière, emporta Daniel Zimmermann? A l'instant où je me pose la question, je n'ai pas de réponse. C'est par accident ­ le terrible accident de sa mort ­ que j'évoque Zimmermann. Par antithèse, en quelque sorte, puisque je voulais, à propos de fin, parler de Tiberi et de Fidel Castro. Je m'étais arrêté à ça, deux initiatives parallèles, deux petits riens pour un minuscule objet: à Paris, au prétexte de la gonflante «aube du troisième millénaire», le roitelet Tiberi a décidé de pérenniser le scintillement de la tour Eiffel; à Cuba, à l'occasion du vingtième anniversaire de la disparition du Beatle, le dictateur Castro a inauguré une statue de John Lennon.

A Paris et à Cuba, Tiberi et Castro ne sont plus qu'à peine des symboles que le peuple regarde avec la magnanimité dont on use avec les condamnés. La vie est au-delà d'eux, qui ont tout renié. Déjà, leurs personnes sont recyclées en objets de consommation pittoresques (lors de la dernière Foire internationale des arts contemporains, une toile de Ben proclamant ­ par absolue dérision, semble-t-il: «J'aime Tiberi»; et dans le livre de