Le Parti communiste fête son 80e anniversaire et, à cette occasion, choisit stoïquement de se regarder dans la glace. Il y voit plus clairement ce qu'il a cessé d'être que ce qu'il devient. Jusqu'à la fin des années 70, le PC se croyait porteur d'un processus révolutionnaire et se glorifiait d'appartenir à un mouvement international. Aujourd'hui, il se retrouve seul et sans utopie. De la Libération à la victoire de François Mitterrand, il avait été le parti dominant de la gauche. Il se plaint désormais de l'hégémonie du PS. Sa raison d'être fut longtemps d'incarner la classe ouvrière et d'attirer plus de jeunes et d'intellectuels qu'aucune autre formation politique. Le PS, le RPR et même, un temps, le Front national rassemblent maintenant plus de votes ouvriers que lui. Les intellectuels se sont enfuis et les jeunes renâclent. Jadis parti de masse autoritaire, le PC se métamorphose en parti de cadres, ouvert au débat. Sous la houlette de Robert Hue, il a compris qu'il lui fallait se réinventer une autre identité ou disparaître. Le parti communiste est à la recherche d'un rôle.
Lorsque le mur de Berlin s'est effondré et que l'Empire soviétique a implosé, le PC possédait un projet mais suscitait un rejet. A la fin des années 90, c'est l'inverse: il ne provoque plus de rejet, mais il n'a plus de projet. Il a démocratisé son image mais perdu son destin. Les trotskistes apparaissent dorénavant plus révolutionnaires que lui et les Verts semblent plus substantiellement contestataire