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Libération

Comment se résigner?

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publié le 15 décembre 2000 à 8h04

Alors, peu avant quatre heures du matin à Paris, Al Gore, de Washington, acheva en ces termes l'allocution mettant un terme définitif à sa non-élection à la présidence des Etats-Unis d'Amérique: «Et maintenant, mes amis, il est temps pour moi de partir. Merci et bonne nuit. Que Dieu bénisse l'Amérique.» Et cette admirable simplicité nous réjouit. Sans doute est-il prématuré d'affirmer que le désormais ex-candidat démocrate est «parti», ou va vraiment «partir», mais il y avait dans cet exercice de «résignation», comme ils disent, une simplicité aussi évidente que rafraîchissante; quelque chose de «fair», pour le dire comme eux, pour le dire court: j'ai perdu (même si...), je me casse, salut à tous et bonne continuation. Un peu l'effet fast food appliqué à la vie politique. Sitôt prêt, sitôt consommé, et, pour le burger qui n'aura pas trouvé preneur, poubelle, de suite, sans repasser par le frigo. Pas d'accroc à la chaîne du froid, péremption instantanée.

Sans doute, on n'en est pas tout à fait là, et Gore ne sera vraiment mort que lorsque ses partisans lui auront trouvé un successeur; et si personne ne veut insulter l'avenir, du moins l'Amérique est-elle assurée que ni la candidature, ni l'investiture éventuelles d'Al Gore pour un prochain scrutin ne lui seront réservées. Et sans doute n'eûssions-nous pas été si sensible à cette déclinaison westernienne du Vae victis si nous ne nous étions entendu annoncer, quelques heures auparavant, que notre président de la République à nou