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Libération
TRIBUNE

Pourquoi Al Gore a perdu

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par Eddy FOUGIER
publié le 15 décembre 2000 à 8h04

L'élection présidentielle américaine apparaît comme une énigme. Dans un contexte de prospérité économique et de paix sans précédent, où le bilan de l'Administration sortante bénéficie d'un taux d'opinion favorable d'environ 60 % et où les thèmes défendus par les démocrates (éducation, retraites, santé) dominent la campagne électorale, pourquoi le vice-président Al Gore ne l'a-t-il pas largement emporté? Même s'il est arrivé légèrement en tête, Al Gore a obtenu seulement 48,5 % des voix.

Au début de sa campagne, Al Gore semble être peu connu du grand public. Il est un «nouveau démocrate», c'est-à-dire un démocrate modéré. Ses propositions, dans un premier temps, ont cependant relativement peu de prises sur l'opinion. En outre, il est un orateur plutôt terne, notamment en comparaison de Bill Clinton. Le discours prononcé lors de la convention démocrate à Los Angeles marque un tournant majeur dans sa campagne, ainsi que son décollage dans les sondages. A partir de ce moment-là, il développe un discours populiste autour de la défense des «familles de travailleurs» appartenant aux classes moyennes modestes et non diplômées de l'enseignement supérieur n'ayant pas réellement bénéficié de la phase de prospérité actuelle; et du combat, en leur nom, des «puissants», en particulier les compagnies pétrolières, pharmaceutiques, d'assurances ou de l'industrie du tabac.

Cette stratégie électorale vise à donner une identité spécifique à Al Gore afin de briser son image de technocrate froid et