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Libération

Fut-il «bon»?

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publié le 18 décembre 2000 à 8h12

Trois jours après son grand oral, nous restons donc plusieurs à considérer qu'il fut mauvais comme un cochon, Chirac, face à Poivre en passe-plat sous les lambris du bunker élyséen; à nous dire que, pour être «bon», il eût fallu qu'il fût convaincant, et, pour être convaincant, qu'il acceptât la confrontation avec ces juges dont tantôt il estime qu'ils «travaillent bien», et que tantôt il qualifie d'«irresponsables»; à ne pas sortir de ça: si le Président ne supporte pas le soupçon, qu'il témoigne. Il n'y a pas d'alternative.

Sur la forme (on n'ose parler de style), Chirac ne fut pas non plus si florentin qu'il parut (Mitterrand, au moins, mentait avec aplomb, qui contestait l'évidence «les yeux dans les yeux»). Chafouin plus que chattemite, Rominet plus que Raminagrobis, le Corrézien jamais ne sortit de sa défensive. Bon gros pépère de chat, au demeurant, mais pas trop regardant sur le lissé de son poil, et pas trop pressé non plus de chasser les rats. D'un homme qui se prétend «profondément blessé», on admet décidément mal qu'il ait pu ronronner une pleine demi-heure d'endormeuses broutilles ­ météo bretonne, gouvernance corse et salades niçoises ­ avant de rugir enfin contre l'insupportable atteinte faite à son «honneur», puisqu'il s'agissait de cela, paraît-il. Ça n'alla pas. Pour entendre son argumentaire très spécieux et regarder Jacques Chirac comme «bon», comme il fut ressassé inexplicablement dans les revues de presse, il aurait fallu admettre préalablement qu'il éta