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Libération

Les cadeaux à la con

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publié le 21 décembre 2000 à 8h20

C'était mardi à la cantoche, vers la fin du plat du jour une nouvelle fois pollué par une paire d'esclaves ayant posé leur téléphonie portative à côté de leur tête de veau vinaigrette (cinq stridences d'appel en moins d'une demi-heure). Après qu'on les eut virés, et encore engueulé le taulier parce qu'il n'avait toujours pas, malgré nos vigoureuses injonctions, autoritairement prohibé l'us du mouchard commensal, on improvisa avec les copains un bref séminaire sur l'état du front. Fatalement, il fallut bien constater que peu de nos lignes de défense résistaient encore, et que la chute de ce havre ultime que constituent les obscures salles était quasiment consommée. Une dépêche de l'AFP confirmait l'accablant diagnostic en pointant l'émergence d'un zapping cinématographique, issu des développements conjoints des multiplex et des cartes forfaitaires UGC. Passé trois entrées/mois, son titulaire navigue gratuitement d'un écran à l'autre, pousse la porte, s'installe, s'emmerde, s'en va, et c'est assez gonflant. Mais c'est bien pire quand le film lui agrée, et la mode galope, paraît-il, de ces sauvageons jeunes et vieux dégainant alors le gadget pour sonner un congénère qui, dans une salle voisine, torture ce qui lui sert de méninges en découvrant qu'il y a peu de cascades automobiles dans les films d'Ingmar Bergman («C'est naze!»).

Noël, assurément, ne va pas arranger nos affaires. La même UGC, dont le principal actionnaire se trouve comme par hasard être Vivendi, s'apprêterait à é