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Libération

La présidence retrouvée

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publié le 22 décembre 2000 à 8h23

L'Assemblée nationale a ressemblé cette semaine au bal des hypocrites. Les partisans du rétablissement du calendrier ont joué les tartufes en niant toute manoeuvre de convenance. Les adversaires de l'inversion n'ont pas été moins pharisiens en s'exonérant hardiment de quelque arrière-pensée que ce soit. En dehors de Raymond Barre, chacun mentait au moins par omission. Le nez de tous les orateurs s'allongeait visiblement. C'était le triomphe du syndrome de Pinocchio.

Reste l'essentiel: à partir du moment où les Français voteront d'abord pour désigner le chef de l'Etat et ensuite seulement pour choisir leurs députés, la présidence est retrouvée. Personne ne peut en effet le contester de bonne foi, le calendrier accidentel qui organisait d'abord l'élection de l'Assemblée débouchait automatiquement sur l'abaissement de la fonction présidentielle. La règle de base de la Ve République, ce qui fait son originalité, ce qui conditionne sa cohérence, c'est que la majorité parlementaire se forme dans le sillage de la majorité présidentielle, que l'élection du chef de l'Etat demeure la matrice politique. Si les élections législatives avaient eu lieu à la date prévue, c'est l'inverse qui ce serait produit. La présidence, déjà affaiblie par la cohabitation, vidée d'une bonne partie de son pouvoir et de surcroît désacralisée, se serait encore relativisée. Le monarque républicain se serait dégradé en régent.

La Constitution de 1958-1962 est sans doute la moins mauvaise de notre trop riche his