La critique n'était pas mauvaise. Une copine m'en avait dit du bien. Ça suffisait, en ce vendredi fin d'après-midi, pour que j'aille voir la Squale. Je me suis dit, tant qu'à faire, autant se farcir l'UGC des Halles, histoire de sentir de près le syndrome «nouveau public d'encartés». Je l'ai pas, cette putain de carte, par une espèce de réflexe professionnel (dans mon biz, on est contre, j'ai pas trop compris pourquoi, mais on est contre). Aussi parce que je déteste l'idée de devoir choisir ma marque de distributeur avant le film. Et que j'aime pas le pop-corn. Mais ça m'a mis plutôt en joie de voir tous ces jeunes qui avaient sans doute moins l'habitude d'aller au cinéma avant. Qui avaient pas les thunes pour.
La salle 22 était bondée, accessoirement pour un premier film français, je n'arrivais pas à trouver ça mal. La Squale... c'est pas une merde, sinon ça m'aurait pas mis dans cet état. C'est pas un de ces «gangsta movies» qui fait de la violence un spectacle. Il y a une volonté forte, souvent intelligente, de ne pas verser dans le cliché, de prendre les personnages tels qu'ils sont, pas des héros, pas flatteurs, contrastés, paumés dans leurs propres légendes de banlieue. En plus, ça sonne juste, à entendre les réactions du public. Et c'est bien ça qui m'a mis mal à l'aise. En gros, les deux héroïnes sont amoureuses du même mec, le tombeur local. Le kif du type en question, c'est d'emballer une gazelle et d'en faire profiter ses potes. Pour le fun, il la marque aussi au f