Samedi
Klaxon et cris de corbeaux
Premier jour des vacances scolaires; nous quittons Paris pour la campagne. Difficile d'imaginer contraste plus brutal. D'un côté l'agitation, la précipitation, le manque de temps, de l'autre la solitude, la lenteur, le silence. Ici le public, là le privé. Culture et nature. Klaxon de voiture et cris de corbeaux. Même les journaux ne se ressemblent pas: l'un parle de la corruption des partis politiques, l'autre (le Berry républicain), de la fête à l'école communale. Ici, odeur de goudron et vapeurs d'essence, là, feuilles pourrissantes, boue et bouses de vache. J'adore pourtant les deux, comment faire? Trouver le moyen de s'accepter comme divers.
Dimanche
La revanche du paganisme
A l'époque où j'étais enfant en Bulgarie communiste, Noël était une fête quasi clandestine, dans ma famille, juste un repas un peu différent sans viande; le sapin et les cadeaux, c'était pour le jour de l'an, fête profane. Après tout, les chrétiens n'ont pas agi différemment: ils se sont emparés d'une célébration païenne, le solstice d'hiver, et l'ont détournée en fête religieuse. En France, aujourd'hui, on pourrait y voir également une revanche du paganisme: on pense plus à l'oie qu'on va enfourner qu'à la naissance de Jésus. Les magasins d'alimentation croulent sous les produits de luxe, c'est la fête de la grande bouffe. Pourtant, non: Noël est devenu l'occasion par excellence des réunions familiales. Peut-être donc aussi d'un peu plus d'attention pour ses proches. A