Un nouveau programme de philosophie pour les classes terminales de l'enseignement général doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine. Les motifs d'une nouvelle élaboration du programme sont posés en préalable: «Depuis le début des années 1970, la population scolaire s'est considérablement élargie et diversifiée», «la philosophie a connu des transformations aussi profondes que celles des autres disciplines» et, enfin, «il s'est agi de prendre également en compte une mutation extérieure à la philosophie elle-même», à savoir la présence écrasante de l'univers des médias. Et comment ne pas éprouver en effet, lorsqu'on enseigne aujourd'hui en terminale, la nécessité de partir des élèves tels qu'ils sont et de la réalité qui est la leur?
Mais est-ce dire pour autant, comme semble le proposer le nouveau programme, qu'il faille adapter le programme aux élèves? Est-il acceptable, sur la base d'un constat difficilement contestable ni les élèves ni le monde ne sont plus ce qu'ils étaient de refondre un enseignement, afin qu'il s'adapte mieux au moule qu'il a précisément pour vocation de briser? Comment un programme qui autorisera très vite de la part des élèves (et des parents d'élèves, et de certains enseignants même, voire de l'administration) une lecture sans doute abusive, le rabattant du côté d'un simple ensemble de questions de cours à connaître pour réussir son bac, pourrait-il être à la hauteur de sa propre exigence, «permettre à chaque élève d'accéder à l'exercice autono