En présentant ses voeux aux Français, Jacques Chirac s'est réjoui que l'année se soit achevée sur « un nouveau et bon traité» et a prophétisé : «L'Histoire retiendra qu'à Nice une volonté s'est exprimée. L'Europe s'est mise en ordre de marche pour achever son unité.» Pour dire les choses le plus courtoisement possible, le chef de l'Etat s'est ainsi exprimé sur un mode plus cornélien que racinien : il présente le traité de Nice tel qu'il voudrait qu'il soit et non pas tel qu'il est. La présidence française, c'est-à-dire avant tout l'homme de l'Elysée, aux commandes sur ce terrain, a malheureusement échoué. Elle a même subi une lourde défaite sur le point central, pointé par Jacques Chirac. Nice n'a pas vu émerger de volonté collective, l'Europe n'est pas du tout en état de marche avant son élargissement, et de surcroît la présidence française s'est montrée maladroite.
Or ce rendez-vous-là était effectivement crucial. Il constitue hélas une immense occasion perdue. Non pas évidemment que la présidence française se soit montrée inerte tout au long du second semestre 2000 : Hubert Védrine, Pierre Moscovici et les principaux ministres français ont tous dépensé beaucoup d'énergie et parfois démontré un réel savoir-faire. Pour sa part, Jacques Chirac n'a pas été avare de contacts et s'est astreint à une harassante tournée des capitales européennes à la veille du sommet de Nice. S'il n'y avait pas le traité lui-même, le bilan serait d'ailleurs positif. L'année 2000 a enregistré une a