La repentance est un plat qui se mange froid. En cette période propice aux bonnes résolutions, on souhaite que la France reconnaisse que son armée ne s'est pas merveilleusement conduite il y a une quarantaine d'années en Algérie, l'exercice de la torture ne faisant pas forcément partie de l'arsenal du bon combattant. Philippe Séguin, pour sa part, aimerait que les hommes politiques fassent pénitence pour leurs pratiques de naguère. C'est que la contrition est une valeur en hausse. Au cours des dernières années, on a vu la réunification dans la repentance de l'Eglise et de l'Etat français: celui-ci a admis que la rafle du Vélodrome d'Hiver était une opération où il ne s'est pas couvert de gloire, et celle-là qu'elle aurait pu, dans l'ensemble, avoir une plus grande proximité avec les résistants et une plus grande distance avec l'Etat hitlérien. Il a, certes, fallu plus d'un demi-siècle pour que ces deux institutions si respectées en arrivent à cette vision des choses mais, enfin, ce fut fait avant l'an 2000, l'Eglise et l'Etat ayant estimé que ces regrets auraient été moins spectaculaires, formulés avec un millénaire de retard.
L'avantage d'attendre ainsi est que ça permet aux repentants d'être d'autant plus vite absous qu'ils n'avaient pas la moindre responsabilité dans les actions dont ils s'excusent. Leurs déclarations relèvent du pur symbolique. Jacques Chirac et Mgr Lustiger, qui avaient respectivement 12 et 18 ans le 8 mai 1945 (et, forcément, des postes politiques et ec