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Libération
TRIBUNE

Municipales: les bobos vont faire mal

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par Christophe GUILLUY
publié le 8 janvier 2001 à 21h34

Si nous observons tous avec intérêt, et le plus souvent amusement, l'agonie du système chiraquien dans la capitale, on peut regretter que cette fin de règne politique de la droite occulte toute analyse des mutations sociologiques de la population parisienne.

Ainsi, on ne rappelle pas assez que la gauche doit d'abord son retour à Paris à une modification profonde de la population, et notamment à l'apparition au début des années 90 d'une nouvelle bourgeoisie. Plus généralement d'ailleurs, l'influence croissante de la gauche plurielle à Paris et dans les villes-centres des grandes métropoles révèle d'abord la capacité des socialistes et des Verts à répondre aux attentes de cette «bourgeoisie bohème» des centres urbains...

Ces bourgeois bohèmes, que l'américain David Brooks (les Bobos, Ed. Massot, 2000) définit comme le produit d'une fusion entre le monde artistique et intellectuel et le monde de l'entreprise, investissent depuis près de dix ans l'ensemble des quartiers et arrondissements populaires de la capitale. Individualisme, multiculturalisme, intérêt pour les questions environnementales, adhésion aux valeurs libérales, absence de référence à la lutte des classes, les «bobos» adhèrent fortement aux idéaux portés par la gauche socialiste et écologiste.

Cette évolution sociologique n'est pas propre à Paris, elle s'inscrit dans un vaste mouvement d'accentuation des fractures spatiales dont bénéficient prioritairement les centres des grandes métropoles.

Ainsi l'homogénéité sociale