«Ben Ali bande!» A intervalles réguliers, la rue, à Tunis City, rapporte cette nouvelle, symptôme d'une nouvelle crispation au palais de Carthage, annonciatrice de nouvelles arrestations par les Services spéciaux, les célèbres «SS» tunisiens, de brimades quotidiennes, de procès pipés et de très probables séances de tortures dans le sous-sol de la Dakhilia, le sinistre ministère de l'Intérieur. Comme si la dictature était une partie de jambes en l'air. Comme si cette métaphore X n'était pas votre seule clé pour interpréter les intentions du prince pour qui «la seule soupape de sécurité, c'est la Sécurité». Comme si le langage impudique n'était pas votre seul secours lorsque tout périclite autour de vous.
Quand Ben Ali, le 28 juillet 2000, a annoncé une nouvelle politique où la société civile serait vissée, donc bâillonnée et où on ne compterait ni opposition, ni presse indépendante, ni parti, ni ordre d'avocats bien sûr, personne n'osait y croire.
Pourtant Ben Ali a tranché en affirmant qu'il n'était pas question qu'«au nom des libertés publiques se manifestent des structures illégales qui s'arrogent le statut d'associations, d'organisations ou de comités». «Pratiquement, ce serait un couvre-feu. Il n'a pas les moyens de l'appliquer... Il court à sa perte...», estime Sami Souihli, un membre influent de Raid (Attac-Tunisie), une association qui attend depuis plus d'une année, en vain, d'être légalisée. Qu'à cela ne tienne! L'Intifada, durant l'automne, fournira au régime l'occas