Est-ce ma faute à moi si, d'une année sur l'autre, chaque fois que s'affiche ou se profile, sur les murs des villes et les écrans de la télé, une monstruosité visant à crétiniser un peu plus le populo, cette monstruosité est estampillée Videndi-Messier? Assurément non, et voilà pour ma bonne foi. Et voilà aussi que la semaine passée, peinardement vacancier dans une province qui n'aspire pas à son indépendance, j'ai découvert sans le faire exprès (je le jure) un cartel ornant le flanc d'un ordinaire Abribus. Pour SFR (un truc de Cegetel, téléphonie portable et sous-machin d'Universal-Vivendi), le panneau invitait la jeunesse à «envoyer des Textos». Tel qu'il s'énonçait, le propos était normalement imbitable (des messages, certes, mais pour dire quoi, et à qui?), comme tout ce qui concerne les objets communicants au moyen desquels les plombiers de la Net économie donnent la parole à ceux qui n'ont pas le langage. Renseignement pris, le texto (sic) consisterait en une unité sémantique et graphique minimale appelée à s'inscrire sur l'écran, format timbre-poste, d'un portable, par le biais d'une technologie baptisée SMS pour Short Messages System. Bientôt, des spots de pub' télé illustrèrent cette nouvelle déclinaison de l'éternelle ambition (faire parler pour ne rien dire) des marchands de néant phonique. Tristes scènes de genre, où monsieur faisant le marché découvrirait le texto de madame lui intimant l'ordre d'«HT D poiro» («acheter des poireaux»); où, sur un mode préconjug
Orthographe portative
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par Pierre Marcelle
publié le 10 janvier 2001 à 21h40
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