Dimanche 7 janvier 2001, journal de 20 heures: c'est fait, ils sont passés! Les héros fatigués mais heureux, l'étape s'est déroulée sans encombre malgré les menaces proférées par le Polisario. Pour parer à toute éventualité, l'Etat marocain avait déployé un imposant dispositif militaire et policier. Quelle aubaine! Interrogé à l'issue de la journée, un concurrent déclare avoir eu l'esprit trop occupé par ses problèmes de navigation pour prêter attention à ces questions d'ordre politique, entendez secondaires pour lui. Car enfin, ils sont pénibles ces Sahraouis de venir troubler notre terrain de jeu!
Et ce n'est pas une première: déjà en 1997 la télévision nous montrait la chute spectaculaire d'un motard dont l'engin en feu embrasait en quelques instants des centaines de mètres carrés de maigre pâture mauritanienne, tandis que l'inénarrable Gérard Holtz louait l'exploit de ces nouveaux aventuriers. La même année, au Mali cette fois, des femmes s'affairaient, balai en main, dans les rues d'un village que la caravane allait traverser, et l'une d'entre elles de dire: «Les Blancs (sic) vont passer!» Consternant, non? De nos jours où l'on n'en finit pas de battre sa coulpe, de s'appesantir sur les erreurs du passé, tout se passe comme si nous restions aveugles aux conneries contemporaines. Une sorte de néocolonialisme, d'impérialisme, soft comme il se doit. Rencontre des cultures, élan vers l'Autre? Plutôt le rouleau compresseur d'une culture «dominante», diffusant insidieusement s