Menu
Libération

Crénom d'impôt

Article réservé aux abonnés
publié le 15 janvier 2001 à 21h49

Les controverses plurielles autour de la prime pour l'emploi ne sont pas surprenantes. Le gouvernement signe là une réforme importante qui va maintenant évoluer au fil des ans et devenir un outil central de la modernisation du dispositif de solidarité. Le crédit d'impôt adresse une question fondamentale: quel doit être le rôle de l'Etat dans le marché du travail? «Aucun», répondent les libéraux, «prépondérant», répondent les étatistes. Pour les libéraux, le chômage massif est le résultat de décennies de bricolages qui ont amené les entreprises à automatiser pour se détourner de la main-d'oeuvre. Pour les étatistes, le marché engendre des inégalités inacceptables qu'il revient à l'Etat de corriger: les entreprises font des profits superbes tout en versant des salaires de misère, alors forçons les à payer plus. Ce à quoi les libéraux rétorquent que les entreprises répondront toujours à la contrainte soit en n'embauchant pas, soit en partant à l'étranger.

A partir de là, il est aisé de dériver, de vouloir forcer les embauches et limiter les importations, etc., on surfe aux frontières de l'économie de plus en plus planifiée que plus personne ne défend sérieusement. Le raisonnable semble être au milieu, du volontarisme dans une économie de marché. Tentant mais inconfortable, tant chaque système a sa logique et l'entre-deux est en fait marécageux et instable. Nos politiques se délectent avec éloquence de ces considérations générales, mais se gardent bien de regarder la vérité en fa