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TRIBUNE

Les dons d'embryon ne se conçoivent pas

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Si l'on manque de vigilance, l'assistance médicale à la procréation peut entraîner un brouillage des données sur la famille.
par Jean-Loup CLEMENT, psychologue au Cecos-Lyon.
publié le 15 janvier 2001 à 21h49
(mis à jour le 15 janvier 2001 à 21h49)

La pratique de l'Assistance médicale à la procréation (AMP) échappe au modèle classique d'une médecine thérapeutique qui tente de guérir les malades. La stérilité n'est pas une maladie. Dans le cas de l'AMP, la médecine permet à des hommes et à des femmes de devenir parents, sans que leurs problèmes de stérilité soient définitivement résolus. Ces parents-là s'en rendent d'ailleurs compte lorsqu'ils souhaitent un autre enfant, puisqu'ils doivent à nouveau demander l'aide de la médecine.

L'AMP est une pratique de médecine palliative lorsque le recours au don de gamètes (spermatozoïdes ou ovules) est requis. Dans ce cas, il est fait appel à des donneurs, déjà parents, dans la population tout-venant. Le don de gamètes engage son auteur et son conjoint ainsi que leur(s) enfant(s). Ce sont deux générations de personnes qui sont concernées: le donneur ayant des enfants hors de son couple et de sa famille; les enfants ayant des demi-frères ou soeurs biologiques, toujours en dehors de cette même famille. Il en est de même pour les enfants des couples receveurs qui eux aussi ont des demi-frères et soeurs biologiques inscrits dans d'autres fratries. Cette dimension est souvent occultée si l'on considère seulement le fait de «traiter» des hommes et des femmes stériles et de parvenir au seul résultat: avoir un enfant.

La pratique de la fécondation in vitro (FIV) est d'abord une méthode d'AMP intraconjugale. Par souci de santé publique et du coût financier qu'elles occasionnent, quatre tent