Il y a des noms qui sonnent bien aux oreilles. La «prime pour l'emploi» en fait partie. Qui pourrait être contre l'un ou l'autre de ces deux termes? De quoi faire oublier la tare de naissance de cette «prime pour l'emploi» venue un peu par hasard au monde, afin de compenser les effets politiques d'une baisse d'impôts pour les hauts revenus. Pour une raison d'opportunité politique il y avait d'autres moyens de rendre du pouvoir d'achat aux bas revenus, comme une réduction ciblée de TVA , Lionel Jospin a mis en place un nouveau dispositif de grande ampleur, probablement fatal au Smic, et prémices d'un virage dans la politique des revenus.
En regard d'un léger, mais réel, effet d'incitation au retour à l'emploi, le gouvernement se trouve désormais chargé des revenus directs non seulement des 2,6 millions de smicards du pays, mais aussi d'une partie de tous les bas salaires, du public ou du privé. Jusqu'à présent, la gauche française avait hérité du marxisme que le salaire doit au moins payer le «renouvellement de la force de travail». Le Smic apparaissait donc pour elle comme le prix «minimum» du travail humain. La «prime pour l'emploi» jette le masque, puisque, aujourd'hui, le gouvernement lui-même trouve le niveau du Smic insuffisant et cherche le moyen de le compléter. Le salaire minimum était déjà devenu un repère symbolique: à force de le dégrever de cotisations (que l'Etat prend à sa charge), les entreprises ne paieront bientôt qu'un salaire «direct», le reste du coût d