Ernest-Antoine Seillière est formidable. Son sourire, surtout, est formidable. Avec un sourire comme ça, tout passe enfin, tout devrait passer, même la retraite de la retraite à 60 ans. Joli paradoxe, quand on sait l'étymologie de formidable («"qui inspire de la crainte"; du latin formidabilis et formidare: "craindre, redouter"»). Avec ce sourire, Seillière pourrait presque n'être qu'Ernest-Antoine, comme Melle Decorte, discrète tête de liste séguiniste dans le XVIIIe arrondissement de Paris, est devenue Roxane. Un sourire comme un prénom qui dissimulerait une fonction, comme si Seillière n'était plus qu'à peine le président du Medef et «patron des patrons», ainsi qu'on disait quand on avait 20 ans au temps du CNPF. A propos de nos 20 ans, Seillière eut mardi, pour nous faire entendre qu'il fallait en finir avec ces vieilles lunes que constituent certains historiques acquis sociaux, un mot étrange; à l'interlocuteur télévisuel lui faisant poliment remarquer que tout de même..., Seillière, posant son sourire sur son agacement, concéda: «Tout le monde regrette ses 20 ans. On peut également regretter la retraite à 60 ans.» Et il y avait dans cet énoncé une telle jouissance qu'on eût presque pu y déceler une forme de sérénité. Le sourire, alors, n'était pas «carnassier», et l'on n'eut même pas l'impression d'une tentative de bluff. A peine troublé oh! moins d'une seconde par l'audace dont il allait accoucher en évoquant rien moins qu'une affaire de vie ou de mort, le «prés
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