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TRIBUNE

Vivre ensemble à Strasbourg

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par Ahmed FARES, David LIV et Khettab MOHAMED
publié le 18 janvier 2001 à 21h55

L'Alsace, terre des particularismes, acquiert depuis trois ans une spécificité nouvelle: on y flambe les voitures comme on y flambe les tartes.

Région frontalière, riche et prospère, avec le plus bas taux de chômage du pays, empreinte d'une puissante identité, l'Alsace rentre à sa manière dans l'histoire récente des violences urbaines en France. Ses nuits de la Saint-Sylvestre sont désormais une balise qui s'ajoute à celles des Minguettes en 1981 et de Vaulx-en-Velin en 1990.

Ainsi, en vingt ans, la boucle est bouclée. Partie des banlieues lyonnaises déshéritées, parcourant la plupart des quartiers de France, la violence urbaine n'épargne plus, ces dernières années, les villes riches: Toulouse, Lille, Strasbourg. Depuis trois ans et avec une certaine constance, on a affaire à un gémissement urbain continu. A quelques exceptions près, l'incendie de voitures se produit massivement dans les mêmes endroits: des quartiers à forte densité d'habitat social qui jouxtent souvent le résidentiel. Des cités avec un taux élevé de jeunes, atteignant parfois 60 % de la population. Des espaces fortement discriminés ou vivent des populations d'origine immigrée. Lorsque qu'on sait que la communauté urbaine de Strasbourg concentre 75 % du logement social du département, les liens de causalité sont faciles à établir.

Dans son analyse des violences urbaines, la police nationale classe la ville de Strasbourg au niveau 1 d'une échelle qui comporte huit paliers de gravité. Si ce niveau est très concev