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Libération

L'agonie du jacobinisme

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publié le 19 janvier 2001 à 22h00

On savait déjà que l'élection présidentielle de 2002 marquerait la fin de l'antique septennat. On peut maintenant espérer qu'elle annoncera également l'agonie du jacobinisme. La décentralisation va en effet constituer un des thèmes de la campagne. L'avenir de la Corse pèsera lourd dans la balance. L'adoption par l'Assemblée de la proposition de loi sur l'expérimentation locale, présentée par l'opiniâtre Pierre Méhaignerie, prouve bien que les tabous vacillent. La France, Etat le plus centralisé, le plus bureaucratique, le plus réglementé d'Europe, va peut être triompher de ses fantasmes. Elle ne perdra pas son âme si elle ose se diversifier.

L'unité nationale ne sera pas en danger si l'Hexagone se régionalise et se décentralise enfin. L'organisation territoriale du plus ancien Etat-nation d'Europe entrera (tardivement) dans l'ère contemporaine. Ce n'est pas un risque mais une chance. Rien d'étonnant à ce qu'elle survienne maintenant. Vingt-cinq ans de désastre corse ont fini par faire comprendre qu'adapter le statut de l'île à sa réalité politique, c'est-à-dire à sa personnalité, à son identité ne constituait pas une reculade ou une dislocation, mais au contraire un progrès et un renforcement du lien tricolore. Les quelques expériences d'expérimentations locales qui sont parvenues jusqu'ici à se faufiler entre les arcanes législatives et réglementaires ont été autant de succès: l'Ille-et-Vilaine de Pierre Méhaignerie avait inventé des formes d'intégration sociale auxquelles l