Et, comme si de rien n'était et comme un symbole le plus, sinon le seul lisible , un rallye traverse un morceau d'Afrique. Si le «Dakar», impérialiste marronnier et baobab de rigolade hivernale, n'aura cette année écrasé aucun indigène, il sera tout de même parvenu à faire son malin, en monopolisant samedi, pour les crétins vroum-vroumeurs, toutes les capacités d'accueil de la capitale sénégalaise; et à contraindre, par le fait, à «suspendre» la tenue d'une conférence régionale sur le racisme, organisée par la Rencontre africaine des droits de l'homme. Elle devait préparer la conférence mondiale sur le même thème prévue à Durban (Afrique du Sud) en septembre prochain. Selon le secrétaire exécutif du Rhaddo, Alioune Tine, ses cinq cents délégués furent «chassés de leur hôtel comme des malpropres». «C'est un principe discriminatoire de vouloir privilégier des enjeux commerciaux et ludiques, quand c'est là que réside tout l'enjeu de la conférence», a encore protesté l'organisateur. Il n'avait pas compris que le «Dakar», ça paye plus et mieux, en devises fortes, que des ONG en francs CFA...
Cependant, le centre du continent brûle dans les guerres angolo-congolaises, les massacres de civils reprennent en son nord algérien, divers réseaux de corruption, faisant cohabiter les noms de Pasqua et de Mitterrand, arment ses conflits locaux sur fond symboliquement coïncident d'un sommet franco-africain que Paris parraine en regardant passer les morts. Ainsi mesure-t-on ce qu'il en est,