Monsieur le ministre,vous avez écrit, le 3 avril 1998: «Dans l'affaire Papon, comme dans l'affaire Barbie ou Touvier, il s'agit de crimes contre l'humanité, c'est-à-dire les crimes les plus graves qui puissent être commis. André Frossard, lors du procès Barbie, l'avait justement rappelé: les juifs, pour les nazis, devaient mourir, simplement parce qu'ils étaient nés juifs. C'était donc bien l'humanité entière qui était atteinte en la personne de chaque enfant jeté vivant dans la chambre à gaz. Or, parmi ces enfants juifs, il en est qui venaient de Bordeaux. De tels crimes qui méconnaissent l'humanité dans son principe même ne peuvent donc demeurer impunis. C'est la raison pour laquelle ils ont été déclarés imprescriptibles... Tout auteur présumé de tels crimes doit être arrêté et jugé. Telle est la première exigence de la justice. Elle est requise par les victimes et leurs enfants, et par l'humanité tout entière. Aucune considération de quelque nature que ce soit, politique ou internationale, ne saurait prévaloir sur cette exigence-là.»
Jeudi 11 janvier 2001, vous déclariez, sur la chaîne parlementaire Public du Sénat: «C'est un vieillard, le maintenir en prison à cet âge-là n'a, à mes yeux, plus de portée.» «On dit "crime contre l'humanité", je dirais qu'il y a un moment où l'humanité doit prévaloir sur le crime.»
Qu'est-ce que cela veut dire? L'un prévaut-il sur l'autre?
Cela signifierait: la complicité de crime contre l'humanité ne prévaut pas sur l'humanité. Alors, l'humani